Faut-il diminuer ou arrêter un traitement anticoagulant avant une chirurgie buccale par crainte d’une hémorragie ? Le projet d’extraire une ou plusieurs dents, de faire l’ablation d’un kyste dentaire ou de poser des implants doit-il contraindre le dentiste à faire arrêter son traitement anticoagulant à son patient ?

Les anticoagulants sont prescrits par les médecins généralistes ou plus souvent par les cardiologues pour éviter que ne se forment dans les artères ou les veines des caillots sanguins mettant en danger la santé du patient.

Ils sont fréquemment prescrits dans les traitements préventifs ou curatifs des accidents thromboembolique artériel ou veineux (vaisseaux qui se « bouchent ») :

  • phlébites profondes (caillot dans les veines profondes)
  • implantation de certaines valves cardiaques
  • embolie pulmonaire (caillot de sang qui se bloque dans le poumon)
  • prothèses valvulaires cardiaques
  • infarctus du myocarde
  • immobilisation prolongée ou plâtre (le fait d’immobiliser une jambe dans un plâtre favorise la constitution de caillots sanguins ; phlébite)
  • trouble du rythme cardiaque, par exemple la fibrillation auriculaire (battements cardiaques irréguliers).

La liste des anticoagulants les plus fréquemment prescrit en France sont : le Previscan, le Sintrom, le minisintrom, la Coumadine.

 

Pour répondre à la question initiale, de nombreuses études ont mise en évidence la possibilité de réaliser des interventions de chirurgie bucco-dentaire sans diminuer ou arrêter le traitement anticoagulant en respectant certaines conditions :

  • Il est conseillé au dentiste de se mettre préalablement en rapport avec le médecin prescripteur des anticoagulants
  • le patient doit subir régulièrement et 24 heures avant l’intervention un test biologique de coagulation, appelé INR (International Normalized Ratio)
  • le taux de l’INR doit être stable et inférieur a 4 pour pouvoir intervenir
  • le dentiste doit utiliser (sauf contre-indications) un anesthésique avec vaso-constricteur pour diminuer les saignements
  • le dentiste va placer dans l’alvéole d’extraction une éponge hémostatique
  • il va fermer soigneusement les berges de la plaie avec des sutures étanches
  • il va demander au patient de serrer sur une compresse pendant au moins dix minutes pour réaliser une hémostase
  • il vaut mieux réaliser ce type d’intervention en début de journée et en début de semaine pour que le patient puisse contacter son praticien en cas de saignement

Dans toute la littérature médicale aucune séquelle et aucun décès n’ont été retrouvé dans les cas où un saignement post opératoire a été observé après une intervention de chirurgie bucco-dentaire sans modification du traitement anticoagulant.

Par contre des complications mortelles sont survenues après arrêt ou diminution de ce traitement.