L’hypnose est partout : à la télé, dans les spectacles. Et se fait même une place, désormais, dans les cabinets dentaires. Pas étonnant pour cette discipline qui, bien plus qu’un divertissement, représente surtout un formidable outil thérapeutique.

Longtemps considérée comme un phénomène reposant sur la crédulité du public, l’hypnose a peu à peu gagné ses lettres de noblesse auprès des instances scientifiques, jusqu’à devenir une discipline reconnue dans le corps médical. Mais qu’est-ce que l’hypnose et quels sont ses avantages au fauteuil ?
Présentation de cette discipline de plus en plus recherchée dans les cabinets dentaires.

Qu’est-ce que l’hypnose et quel est son intérêt en dentisterie ?

Il est difficile de définir précisément l’hypnose. Il s’agit d’un état de conscience modifiée induit par une suggestion. Il peut s’agir de phrases ayant une signification positive pour la personne hypnotisée, accompagnées ou non de gestes, d’un fond sonore voire d’odeurs particulières. Après un certain temps, l’esprit de la personne hypnotisée est plongé dans un profond état de relaxation proche du sommeil, permettant d’accéder plus facilement au subconscient : c’est la transe hypnotique.

C’est souvent un sujet d’inquiétude pour les personnes s’apprêtant à se faire hypnotiser, mais l’hypnose n’entraine pas de perte de contrôle. Il n’est pas possible d’hypnotiser quelqu’un contre sa volonté, ni de lui faire effectuer des actions allant à l’encontre de ses valeurs morales.
Pour rester simple, l’état de transe permet aux patients hypnotisés d’agir consciemment sur ce qui relève de l’inconscient : phobies, souvenirs, mauvaises habitudes. Un hypnothérapeute peut ainsi être d’une grande aide pour les personnes victimes de traumatismes psychologiques ou celles qui veulent réduire leur consommation de cigarettes et d’alcool.

De plus, l’anesthésie hypnotique permet d’agir directement sur le métabolisme des patients, ce qui rend cette discipline particulièrement complémentaire à la pratique de la chirurgie dentaire :

  • le rythme cardiaque peut-être ralenti, ce qui limite l’afflux sanguin et donc les saignements
  • la salivation peut-être contrôlée, voire stoppée pendant l’ensemble de l’opération
  • le réflexe nauséeux est inhibé

Tout le monde peut-il se faire hypnotiser ?

Presque tout un chacun peut être hypnotisé, pour peu qu’il en ait la volonté et puisse rester concentrer pendant un certain temps. Néanmoins, les plus septiques peuvent avoir du mal à entrer en transe hypnotique, car il se peut qu’ils peinent à « mettre en veille » leur esprit hyper-rationnel.

L’hypnose est particulièrement indiquée…

  • Aux phobiques du dentiste et aux personnes très stressées. Des séances en amont d’une opération permettront aux patients phobiques de se débarrasser de cette peur irrationnelle en en cernant les causes. Pendant l’opération, l’anesthésie hypnotique à proprement parler détournera leur attention de ce qui se passe dans leur bouche en les maintenant dans un état de relaxation agréable
  • Aux personnes allergiques aux anesthésiques. L’hypnose permet de réduire grandement la quantité de produits anesthésiants nécessaire à une chirurgie buccale. Et parfois même de tout bonnement s’en passer
  • Aux patients atteints de bruxisme. Ces grincements de dents intempestifs sont parfois causés par dérèglement des muscles et nerfs qui régissent les mouvements de la mâchoire. Quelques séances d’hypnose dentaire permettront de déprogrammer ce réflexe intempestif

Attention toutefois, un certain nombre de pathologies mentales et de troubles cérébraux peuvent influencer le déroulement de la séance d’hypnose et doivent être signalées au praticien pour que celui-ci puisse s’adapter en conséquence :

  • patient schizophrène, paranoïaque, sujet à des crises de démence ou des épisodes psychotiques
  • dépression sévère
  • cerveau endommagé (par exemple à la suite d’un accident vasculaire cérébrale)
  • patient épileptique

Quels sont les avantages de l’anesthésie hypnotique pour le patient ?

Le grand avantage de l’hypnose dentaire est de permettre la diminution de la quantité d’anesthésique nécessaire à une opération. Bien qu’ils ne soient pas toxiques pour l’organisme, ces produits s’accompagnent souvent d’effets secondaires désagréables : somnolence, parties traitées endolories, effet gueule de bois.

À l’inverse, les patients anesthésiés par hypnose éprouvent habituellement une sensation de profonde relaxation au réveil, ils sont reposés mais alerte.
L’hypnose dentaire influe aussi indirectement sur la convalescence. En effet, des tissus moins irrités par les saignements cicatriseront mieux et plus rapidement que dans le cas contraire.

Comment se passent les séances d’hypnose dentaire ?

On programme rarement une seule séance d’hypnose. Le succès de cette discipline repose sur la relation de confiance qui unit le patient et le praticien. Cette relation s’établit par le dialogue et prend du temps.

Souvent, une à deux courtes séances sont nécessaires en amont d’une anesthésie hypnotique. Au cours de celles-ci, le praticien-hypnologue en apprendra plus sur le patient, sur les choses et les endroits qu’il apprécie. Savoir qu’un patient a traversé un événement traumatisant permet aussi au praticien de ne pas faire ressurgir ces souvenirs en faisant appel à des éléments en lien avec ces faits pendant l’induction hypnotique.

Le temps pour induire la transe varie beaucoup suivant les individus, mais s’échelonne plus ou moins entre cinq et vingt minutes.

Une fois l’état de relaxation du patient stabilisé commence l’opération à proprement parler. Les contraintes inhérentes à la bouche comme la salivation ou les saignements peropératoires peuvent être diminuées simplement en adaptant le discours suggestif.

Une fois l’opération terminée, le patient passe en phase de réveil. Il est sorti de la transe en douceur après une série d’étirements visant à dénouer d’éventuelles tensions musculaires.

Étant donné la rareté du service et le fait qu’apprendre l’hypnose dentaire nécessite une formation de plusieurs mois, l’hypnose engendre un surcoût pour le patient, d’environ une quarantaine d’euros par séance.